Le poids de la présence du monde

Publié le par Philippe Bray


 Le poids de la présence du monde

"Passe dans le souffle de l'air
Qui un instant l'a soulevé,
Un vague souci de voyager
Dont s'est assombri mon cœur.

Serait-ce qu'en son mouvement
La brise évoque le départ,
Et le vent par son déploiement
L'air libre du voyage ?

Je ne sais, mais subitement
Je sens la tristesse d'exister,
Ce rêve triste en filigrane
Entre rêver et rêver".



Pessoa est né en 1889 à Lisbonne. Pendant trente ans, de son adolescence à sa mort, il ne quitte pas sa ville de Lisbonne, où il mène l'existence obscure d'un employé de bureau. Mais le 8 mars 1914, le poète de vingt-cinq ans, introverti, idéaliste, anxieux, voit surgir en lui son double antithétique, le maître "païen" Alberto Caeiro, suivi de deux disciples : Ricardo Reis, stoïcien épicurien, et Álvaro de Campos, qui se dit "sensationniste". Un modeste gratte-papier, Bernardo Soares, dans une prose somptueuse, tient le journal de son "intranquillité", tandis que Fernando Pessoa lui-même, utilisant le portugais ou l'anglais, explore toutes sortes d'autres voies, de l'érotisme à l'ésotérisme, du lyrique critique au nationalisme mystique. Pessoa, incompris de son vivant, entassait ses manuscrits dans une malle où l'on n'a pas cessé de puiser, depuis sa mort en 1935, les fragments d'une œuvre informe, inachevée, mais d'une incomparable beauté.

Publié dans poèmes d'ailleurs

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